Le Ministère du Travail, du Plein emploi et de l’Insertion a publié le 8 juin une étude très instructive sur l’impact de la transition numérique sur les emplois et les compétences dans les secteurs de l’assurance, des banques et de la finance, du conseil, et de l’expertise comptable et du commissariat aux comptes. Voilà les enseignements que nous pouvons en tirer.
Cette étude s’intéresse à la transition numérique, et met en particulier l’accent sur les impacts de 6 évolutions technologiques majeures :
- l’Intelligence Artificielle
- le Big Data
- la Blockchain
- la numérisation et l’automatisation de certaines tâches simples
- le Cloud
- l’Internet des Objets
Le but est alors de répondre aux questions suivantes :
- Quelles mutations majeures la transition numérique engendre-t-elle ?
- Quels sont les impacts de la transition numérique sur les métiers ?
- La transition numérique affecte-t-elle chaque secteur de la même manière ? Quelles vont être les compétences les plus recherchées ?
Le résultat majeur de cette étude est le suivant : la transition numérique affecte, de manière certes différente, chaque secteur et chaque métier. Contrairement à ce que beaucoup auraient pu penser, elle est à l’origine de très importantes créations d’emplois, à la fois dans les « métiers cœurs » du numérique (métiers traditionnels de l’informatique, des télécommunications et de la filière électronique, par exemple spécialiste du cloud) et dans les fonctions supports à haut niveau de qualification.
Ce qui est surtout marquant est un contraste que nous avions d’ailleurs déjà mis en lumière dans un précédent article : le monde des services en ligne poursuit ou accélère sa transformation digitale, tandis que celui du e-retail (vente de produits en ligne) est à la traîne. Comme l’indique l’étude du ministère, la croissance de l’emploi dans les secteurs de l’assurance, des banques et de la finance, du conseil, et de l’expertise comptable et du commissariat aux comptes est aussi deux fois supérieure à celle de l’emploi tertiaire dans les services marchands en général.
La transition numérique engendre dans le même temps de très importants besoins en compétences techniques, mais aussi comportementales. Prenons ainsi l’exemple des commerciaux : comme l’indique l’étude, les soft skills sont désormais un élément essentiel à avoir, « l’expérience client » important tout autant que l’offre à proprement parler.
Une analyse par secteur permet d’appréhender plus finement les nouveaux besoins de compétences. Le secteur de l’assurance, par exemple, se caractérise aujourd’hui par une recherche accrue des compétences que sont la gestion et l’analyse des données, l’utilisation des réseaux sociaux, et la cybersécurité. L’important besoin engendré par la transition numérique apparaît plus globalement dans tous les secteurs listés au début de cet article, avec une croissance de 25% des effectifs des métiers du numérique dans ces secteurs entre 2016 et 2019, comme le relève l’étude.
Autre élément très instructif de cette étude : une liste des 25 métiers qui seront le plus impactés par la transition numérique. En voici le top 10.
Top 10 des métiers aux plus forts enjeux |
1. Responsable centre de profit |
2. Business développeur |
3. Chargé de clientèle |
4. Chef de projet |
5. Chef de projet digital |
6. Spécialiste robotique et automatisation |
7. Responsable commercial et marketing |
8. Responsable système d’informations |
9. Spécialiste cybersécurité |
10. Spécialiste relations et communications |
Si cette liste est sans conteste digne d’intérêt, on pourrait tout de même lui reprocher de mêler des métiers spécifiques au digital (spécialiste réseaux sociaux, expert IA …) et des métiers non spécifiques au digital qui existent dans les organisations depuis longtemps (juriste, responsable commercial et marketing …). Une segmentation de cette liste pourrait ainsi être utile pour aider les DRH.
Enfin, à retenir et à suivre pour le reste de l’année 2023 : selon les projections de la DARES, parmi les familles de métiers les plus créatrices d’emploi figurent :
- Les métiers « cœurs » des activités numériques
- Les cadres commerciaux et technico-commerciaux
- Les cadres des services administratifs, comptables et financiers