Tribune de Pierre Cannet, CEO de Blue Search Conseil
Ô temps, suspends ton vol…
La politique, l’économie et le social ont toujours entretenu des relations complexes, faites d’incompréhensions durables, de réconciliations éphémères et de mariages contre nature.
Le politique veut domestiquer l’économie et exploite le moindre coin du ciel bleu dans les statistiques.
Le social (syndicats ou associations) est là sinon pour attiser les braises, du moins pour défendre les intérêts de ses mandants en s’abritant (ou pas) derrière l’intérêt général.
L’économique aimerait que les décisions soient plus rationnelles et échappent aux pressions des lobbys et des partis.
Sans doute y a-t-il aussi vertu dans les discours et les actions des uns des autres mais il est aussi des moments où tout semble atteindre un point d’incandescence ; tel est le cas en ce début 2020 ou le collapse, redouté au niveau environnemental, menace sur le plan hexagonal.
Tandis que la France s’arrête, les français courent, marchent, roulent par tout moyen de locomotion alternatif aux transports en commun.
Les magasins se remplissent de produits et sont vides de clients.
Les soldes ne sont plus de saison, elles sont de raison et courent du lundi au dimanche, jours fériés compris.
Et même le digital, valeur refuge, grandissant avec la croissance et résistant aux crises, vacille.
Non point que les cyber acheteurs soient moins nombreux ou les internautes moins assidus mais tout simplement parce que les entreprises ne fonctionnent pas bien : les budgets ne sont pas votés, les réunions sont annulées, les soirées professionnelles sont désertées …et la salle d’attente des cabinets est moins remplie que celle des médecins.
Dieu merci, de nombreux postes sont encore vacants, mais home office oblige et métros manquants nous conduisent à « skyper », verbe qui évoque non pas le ciel couvert mais des entretiens à distance.
La France, tel Buzzati dans le désert des tartares, attend que la grève s’étiole, que le gouvernement s’affole et que les transports redécollent.
Triste destin d’un pays qui a inventé les droits de l’homme et ne jure plus que par ceux de la retraite.
Ou bien simple parenthèse avant que chacun s’ébroue, que le cauchemar prenne fin et que la croissance reprenne son rythme de sénateur qui suffit désormais pour faire reculer le chômage.
Rdv au printemps pour savoir si l’hiver acceptera de retirer son manteau.