Les oiseaux de mauvais augure (que nous sommes parfois…) planent au-dessus d’une année 2025 déjà décrite comme une annus horribilis sur les plans économique, politique et social. Il existe dès lors des anxiétés anticipatrices et des prophéties auto-réalisatrices. Redouter une crise, c’est la provoquer si l’épargne remplace la consommation (pour les particuliers) et si les plans d’économies priment sur l’investissement (du côté des entreprises).
Parole de recruteur : il y aura des secteurs qui vont recruter en France, en Europe, et de nouveaux collaborateurs. En particulier des cadres du digital, de la tech et de la data.
Voici lesquels et pourquoi !
Panem et circenses
Dans la foulée d’une assez bonne année 2024, les industries agroalimentaires et, en aval, le secteur de la distribution, devraient poursuivre leur croissance. Si le pouvoir d’achat des ménages français stagne ou baisse, il est probable que les ménages « sanctuarisent » le budget réservé à l’alimentation.
D’autre part, le secteur de la grande consommation alimentaire comme celui de la distribution doivent relever des enjeux de transformations data, IT, omnicanal, e-commerce, e-retail et vont ainsi être conduits à recruter des managers et des experts de ces domaines.
Nous pensons également chez Blue Search que le secteur du divertissement (ou de « l’entertainment ») va connaître une bonne expansion. La 24ème édition du Global Entertainment & Media Outlook menée par PwC offre par ailleurs un regard assez approfondi sur le marché des médias et loisirs :
- A la suite de la pandémie de la COVID-19 en 2020, le marché français a fortement rebondi, avec une croissance de 10,5% en 2021
- La chute de l’activité liée à la pandémie est estimée d’avoir des retombés positives jusqu’en 2024, avec une croissance annuelle moyenne de 4,4%
- Le marché français anticipe un léger ralentissement de la croissance en ligne avec le marché mondial, particulièrement post-2024, avec une croissance d’environ 2,4% entre 2024 et 2027.
Lorsque le moral s’affaiblit, les ménages ont besoin de se divertir (produits culturels) et de jouer (jeux de hasard et paris sportifs). Or, les géants du secteur disposent de moyens considérables pour investir massivement dans la production (cinéma, spectacles immersifs, podcasts, etc.) et la distribution (streaming).
La flambée des paris sportifs et de hasard en 2024 est un indicateur avancé de ce qui pourrait advenir en 2025 : le chiffre d’affaires des jeux d’argent a progressé de 3,8 % en France au S1 2024, en particulier grâce à la forte croissance des paris sportifs en ligne. Dans son ensemble, le chiffre d’affaires du secteur des jeux d’argent et de hasard (hors casinos) a atteint 5,5 milliards d’euros sur les six premiers mois de l’année, selon un bilan de l’Autorité nationale des jeux publié le 8 octobre.
Connexe au monde des loisirs, le secteur du voyage pourrait profiter de l’envie d’évasion des foyers en ces temps de grisaille économique et météorologique. Il plane néanmoins au-dessus de cette branche des ombres géopolitiques et fiscales : un conflit mondial ou des taxes (locales) sur l’aérien qui pourraient donner un coup d’arrêt à la bonne santé du travel et de l’hôtellerie.
La civilisation du « care »
Se protéger et se soigner constitueront à n’en pas douter des priorités pour une majorité d’agents économiques : bienvenue dans la silver economy. Les risques sont sérieux à mesure que le climat se dérègle, que l’insécurité se développe et que les populations vieillissent.
Nous prévoyons par conséquence une bonne croissance du secteur de l’assurance (retraite, prévoyance, protection des biens et de personnes) et des industries pharmaceutiques et du soin (analyses médicales et pharmacie). Par exemple, une croissance moyenne de 3 à 6 % par an atteignant 1 900 milliards de dollars de dépense est annoncée sur le marché du médicament d’ici 2027. Autre chiffre clé : selon le Allianz Global Insurance Report 2024, le secteur mondial de l’assurance a progressé d’environ 7,5 % en 2023, soit la croissance la plus rapide depuis 2006, année précédant la crise financière mondiale. Au total, les assureurs du monde entier ont collecté 6 200 milliards d’euros dans les segments Vie (2 620 Md€), IARD (2 153 Md€) et Santé (1 427 Md€).
Les entreprises de ces secteurs, souvent de grandes tailles, vont poursuivre leurs investissements en recherche et développement et se rapprocher de leurs clients via des programmes d’IA, de data science, de e-commerce ou de e-retail. Il y aura donc des recrutements de cadres managers et experts de ces domaines.
Voici donc en synthèse le top 5 des secteurs qui vont poursuivre leurs recrutements en 2025 :
- Industries pharmaceutiques
- Industries des jeux et du divertissement
- Secteur de l’assurance
- Industries agroalimentaires
- Enseigne de distribution alimentaire
Selon le contexte géopolitique et la fiscalité, le secteur du travel pourrait, ou non, se joindre à ces 5 secteurs.
Pierre Cannet, founder & CEO de Blue Search.